Je lisais
cette semaine une ITW de Thomas Lorblanchet (un des meilleurs trailers
français) qui était questionné sur l'avenir des trails en France :
"il est clair que toutes les petites courses qui survivaient jusque-là
disparaîtront et les plus importantes le deviendront encore plus. Je pense que
vont se développer les courses avec une identité forte et un petit plus qui les
dénote par rapport aux autres : le parcours, ou le plateau de coureurs,
l’organisation, ou d’autres critères..".
La
transjurassienne en ski de fond fait partie de ces grandes courses qui
demeurent pour beaucoup de fondeurs un vrai objectif. On
s'y prépare durant une bonne partie de l'hiver, tout en sachant,
qu'elle peut ne pas avoir lieu faute de neige et encore...on fait de gros sacrifices
pour essayer de s'y préparer au mieux, et le jour J, plus ou moins prêt, on se
la partage entre amis, avant, pendant et après.
L'édition
2012 a confirmé que la transjurassienne était une grande course. La
satisfaction à l'arrivée pour tous ceux qui ont vu Mouthe a effacé les
difficultés de la distance parcourue dans un froid intense. Edition
extrême à mettre dons dans les annales, certains diront que c'était la plus
dure de ces 20 dernières années. Au départ, combes du lac à Lamoura, le
thermomètre affiche -17°C (ressentit -21°C) avec un fort vent de Nord-Est
soufflant en rafale. La course est réduite à 70 km : de bois d'Amont on
monte directement dans le Risoux sans aller tourner au Brassu à cause du fort
vent. Le speaker annonce que les participants sans lunette ne prendront pas le
départ au risque d'avoir la cornée brulée par le froid. Crême ou sparadra
pour se protéger le visage sont recommandés. 4 minutes avant le départ la
majorité des coureurs trottent encore derrière les lignes. Avec Hervé nous sommes
bien placés en 1ère ligne, au second rang et nous avons gardé un
vieux coupe-vent jusqu'au dernier moment. Ca y est ! C’est
parti ! Ca part tranquille pour moi. La piste se divise en 2 le long du
lac de Lamoura et je perds Hervé. Jusqu'à prémanon, ce n’est pas facile de bien
skier nous sommes encore trop nombreux. Le vent est trop fort, les batons en
carbone sont bien trop légers et volent au vent. Dans la descente sur la
darbella. Je me rends compte que mon farteur s'est encore surpassé et je
reviens facilement sur les skieurs qui me précédent. Nous attaquons les bosses
entre prémanon et les rousses c'est assez cassant avec de beaux raidars. On est
à l’abri du vent avec un beau soleil et ciel bleu. En sortant derrière l'école de
ski de Prémanon, je comprends vite que ça va se compliquer, nous sommes
scotchés au sol. Je rattrape la 3ème féminine qui du haut de ses 1,60m n'a que
l'embarras du choix pour se trouver un gars et se mette derrière à couvert.
Nous arrivons au ravito des Rousses, 1 heure déjà, 1 gel, une boisson, la
montée des opticiens et derrière la sibérie, le blizzard ! je suis dans un
groupe d'une trentaine, et pas d'autre choix que de rester en fil indienne. Tu
essayes de sortir pour doubler et tu recules de 5 mètres. Nous skions à moins
de 10 km/h. ca va être interminable. Les rafales de vent te projettent de la
neige froide et sèche qui te martèle le visage. Ça n'avance pas et dès qu'il
faut doubler un concurrent moins rapide il te faut 10 fois plus d'énergie. Je cherche
à l'horizon le village de Bois d'Amont : c'est quand qu'on arrive ? La
piste est recouverte de 10 cm de neige. Tant bien que mal nous
arrivons à bois d’Amont. Je prends un autre gel sans m’arrêter au ravito.
Virage à 180° et cette fois c’est le vent qui nous projette sur la montée du
risoux. Ça ne bouchonne pas mais je décide de monter tranquille pour garder du
jus pour affronter de nouveau la Bise dans la combe des cives. Je gagne
quand même une vingtaine de places. Dans la forêt du Risoux il fait presque
chaud à l'abris du vent. Au ravito des ministres je prend juste une patte de
fruit et un thé, et nous descendons sur Bellefontaine, même pas tombé ! on
sent déjà la fraicheur, de nouveau à découvert, je ne m'arrete pas au ravito de
Bellefontaine (pointé 234ème) je suis dans un petit groupe de 10 bien
derrière un costaud de la Chaux du dombief . bino nous attend avec le
thé chaud un peu plus loin… mais pas vu le poto. J’arrive à Chapelle en
meilleur forme qu'en 2010. Les Bouzigons sont là pour m'encourager, ça fait du
bien. Je reprends un gel, un bon thé chaud et je repars pour ne pas perdre
mon groupe mais pas assez vite, je vais tout donner pour recoller et finalement
ça paye et je les raccroche avant la montée du pré poncet. En général, c’est là
que tu sens que tu n'en as plus beaucoup dans les jambes mais le plus dur est
fait, et à voir les autres c'est pire. Maintenant c'est au moral qu'il faut
finir. Je ne m'arrête pas au ravito du pré Poncet. Ils restent 2 belles montées
qui font bien mal et après ça descend sur Chaux Neuve. Je continue à gagner des
places, certains sont à l'arrêt dans les bosses. Les Bouzigons sont encore là
juste avant la descente. A Chaux neuve, je pointe en 211ème position.
Allez 7-8km à tenir et c'est finit. Je suis en tête d'un petit groupe d’une
dizaine d’homme. 5 puis 4, 3 km. Les 2 derniers km en 1 temps et à fond jusqu’à
la ligne. Personne ne doit passer et personne ne passera. 209ème en 4h26mn de
plaisirs avec un s! Voilà c'est fait ! Finalement je m'en
tire honorablement. C’est quand même chouette d'arriver à Mouthe. Je
ne tarde pas au ravito et fonce au vestiaire où je retrouve Vincent qui
est bien calmé cette fois : 50 km en classic (50ème) hier et 70km
(125ème) aujourd'hui donc 120 km en deux jours avec le vent dans le nez. Résultat,
5ème du classement de l’Ultra Trans. Bravo à lui, un sacré challenge !
Hervé arrive
en 4h54mn, ivan 5h05, sylvain 5h14, gillou 5h52, le Puce 5h57mn, Fourtier 6h23.
La meilleure perf du VTT orgelet est réalisée par le costaud Repecaud Nicolas
qui termine 56ème en 3h51.
Personne n'a
abandonné, objectifs atteints : c'est pas beau ça?
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