Après l'annulation de la Maxi-race d'Annecy fin mai et l'impossibilité de reconnaître le parcours de l'UTMB en ce début du mois de juin (encore trop de neige sur les hauteurs alpines), il a bien fallu rectifier le programme pour faire un peu plus de kil' et de déniv'. Je décide donc de transférer mon inscription du marathon sur le 80km, et à vrai dire, pas sans inquiétudes car la neige qui se fait récalcitrante sur les sommets chamoniard a contraint les organisateurs à modifier le parcours tout de même...Au programme, un bon 80km/+6000m avec l'ascension du Brévent en guise de hors d’œuvre , la montée au barrage d'Emosson via le col du Passet comme seconde entrée, les Posettes en plat principal , le Lognan en trou Normand et le Montenvers... en dessert ! Bref, de quoi rassasier un homme affamé de dénivelé !
3h20 :
Pascal me récupère au camping d'Argentière et nous
descendons à Cham'. Un p'tit 5°C change nos plans et il va falloir
rajouter un Odlo cubic sous le maillot. Frontales Led Lenser H7 vissée sur
la tête nous regagnons l'arche de départ. Finalement il ne fait pas
si froid avec l’excitation du moment.
le départ à 4h00 du mat' |
4h00 :
Classique 3,2,1...partez ! Les stars sont déjà devant pour
affronter d'entrée de jeu la pente, avec François D'haene (vainqueur
UTMB 2012) et Michel Lanne (vainqueur Adorra ultra -trail), Xavier
Thevenard (vainqueur CCC 2011) , Sylvain Couchaud (Vainqueur 6666
Ocitane 2011) et biensûr notre Pascal national déjà vainqueur ici
sur le marathon en 19….mais toujours motivé comme un jeune cadet ! Derrière,
je m'intercale dans un groupe composé de Séb Talotti (3ème de la
TDS en 2011) , Candide Gabioud (le frère de Jules-Henri), Benoit
Thiery (2nd du 110km de l'Aravis Trail en 2011) et Bastien Fleury, le
chamoniard. A cinq, nous prenons un bon rythme pour l'ascension du
Brévent. Après 1h30mn de course, on peut déjà éteindre les
frontales, le jour se lève , et à travers le brouillard se dévoile
un paysage magnifique. Le groupe se scinde, j’emboîte le pas de
Bastien qui connaît l'ascension du Brévent comme sa poche. Il
taille court, tout droit dans la pente. On passe ensemble au col du
Brévent et attaquons la descente vers Plampraz. Il taille aussi en
descente et il coupe dans les névés gelés. j’hésite à le
suivre mais finalement j'enquille avec lui la descente :
glissade sur les fesses, ça chauffe ! On arrive à Plampraz
au premier ravito, un coca et un un Tuc, et on file vers la Flégère
à l'envers du parcours du marathon. Benoit Thiery nous rattrape puis
Séb Talotti, et tous les 4 descendons sur le col des Montets. Séb
et Bastien sont très à l'aise en descente et j'essaye de ne pas me
faire distancer tout en m'économisant. Benoit lâche prise. Au col
des Montets, après 3h00 de courses, nous ne sommes plus que 3 pour
descendre sur Vallorcine, avec 17mn de retard sur le groupe de tête
qui a aussi explosé. F.D'haene, M.Lanne, et XavierThevenard sont en
tête, derrière Pascal est à 7mn avec S. Cuchaud.
Descente vers le col des Montets |
Premier
passage à Valorcine, et second Ravido, S. Talotti s’arrête longuement,
je mange un quart d'orange et refais le plein d'une gourde : une seule bue en 3h30 de
course! Avec les basses températures, on en oublie de boire. Je
repars vite fait avec Bastien que son assistance à ravitailler
adhoc. On traverse Vallorcine ensemble, il me montre du doigt
l'ascension vers le barrage d'Emosson : Ouille, ça va faire
mal ! Au pied de la bosse , il passe devant et c'est plus le
même rythme que pour monter le Brévent, il faut que je m'accroche,
je suis limite mais je respire à fond pour bien oxygéner les
muscles et on monte ensemble vers le col du Passet. En haut, je dois
absolument m’arrêter pour satisfaire un besoin pressent. Bastien
file. L'ascension est terminée mais elle a bien émoussée. Nous
sommes sur un tracé technique qui nous emmène à Barberine sur le flanc de la montagne avec des passages "via ferrata", puis on regagne le
Chalet du Loriaz avant de redescendre sur Vallorcine. Bastien reste à
vue. Je crains qu'il accentue sont avance en descente mais j'essaye
de descendre au mieux et arrive dans Vallorcine où l'on fait le
chemin des écoliers pour rejoindre le ravito une seconde fois. Jean
de chez Scott, qui fait l'assistance de Pascal, m'annonce en 7ème
position à 5mn de lui. Gosia et les enfants me font un super
ravito : je reprends 4 Powergels, 2 bidons et j'en profite pour
enlever manchons, bandana et frontale. J'attaque la montée des
Posettes, je vois Bastien dans le pré, il doit avoir 1ou 2 mn
d'avance sur moi. Je marche/cours avec les bâtons. Arrivé sur la
piste 4x4 qui mène au col des Posettes, je me remets à courir. Je
me retourne et dans les longues lignes droites aperçoit Benoit
Thierry il doit être à 2mn. Va falloir rien lâcher jusqu'en haut
des Posettes. Après avec la descente sur le Tour je devrais
accentuer mon avance sur lui. J'enquille cette descente bien connue
(commune au marathon) et arrive au parking du télésiège. La
famille est là, et j'en profite pour changer mon maillot et ça
repart. Je bois un coup de flotte au passage à la fontaine et file
sur Argentière. Au ravito, Jean m'encourage. Il me demande :
« comme ça-va ? » je lui répond « Ca-va !
». Il reste une bosse, ça devrait aller. ». Il me dit « non,
deux bosses ». je ne réponds pas, trop surpris... mais ça me
travaille car il me semblait qu'il n'en restait qu'une. Je prends un
coca, un morceau de banane qui ne passe pas , je le recrache et taille.
Heureusement que je m'alimente bien avec ces gels et j'en prends un
toutes les heures. J'arrive derrière le camping des Chosalets . La
famille n'a pas fait à temps pour me voir et j'entends les garçons
brailler en contre bas mais j'ai déjà attaqué les lacets. 35
virages vont me faire prendre +600m pour arriver au Lognan. Je
marche-cours toujours avec les bâtons. Derrière, devant, plus
personne en vue. La température commence à monter, et je vide les
bidons en 2/2. cette montée bien gérée passe bien et arrive à
terme, maintenant descente roulante sur le Lavancher. Quasiment en
bas, Johan et Honorine, m'attendent. Je leur demande :
« combien de km il reste avant l'arrivée » Johan me
répond : « il te reste une bosse ! »
Effectivement J'avais pas calculé ça. Je regarde ma
montre et quasiment 9 heures de course déjà ! Je repars avec
le moral un peu en berne. Mais il faut être fort dans la tête, de
toute façon, si c'est dur pour moi, c'est aussi dur pour les
autres ! J'arrive au ravito avant le début de l’ascension du
Montenvers : je reprends un coca , un tuc mais je ne m'attarde
pas plus. Je demande aux bénévoles combien de kilomètre il
reste. On me répond « 14km » ..2, 3 heures ?
Aucune idée ! Je repars vite car encore 1000m de dénivelé à
grimper pour arriver là-haut. Déjà +5000m au compteur. C'est
vraiment maintenant que le cerveau prend la relève même si j'ai
aucune douleur dans les jambes, mais rien n'est gagné. J'attaque la
montée, ça devient difficile de marcher/courir. 600m plus haut j'arrive
au chalet des Mottets. Reste toute l'ascension vers la Gare du
Montenvers dans les blocs. J'ai vidé mes 2 bidons. On longe le début
de la Mer de Glace. J'ai un gros coup de moins bien, je suis au
ralenti mais j'essaye de relancer en courant dès que je peux.
J'arrive finalement à la gare. Je refais le plein d'une gourde. Ça
devrait suffire ! Je bois un coca plus un verre d'eau, mange un quart d'orange, reprends
un powergel pour attaquer la descente. Mais on ne descend pas encore
, ça grimpe encore et c'est un interminable « grand balcon
Nord » qui m'attends avec des relances et des passages
techniques. Ça dure, ça dure ! Je me retourne mais ne vois
personne en vue. Finalement j'arrive au dernier pointage qui
m'annonce la descente.. elle aussi est interminable ! Mon
portable sonne : ça doit être Gosia qui s'inquiète car
il est 14h45 et j'avais dit que j'arriverai vers 14h00.
J'entends le speaker de l'arrivée mais l'arrivée n'arrive pas
vite...40mn de descente, où j'essaye de m'appliquer mais je prends
quand même une boîte, pas méchante. Et finalement Cham !
Jules-Henri Gabioud, qui attend son frangin, m’annonce le dernier
kilomètre en ville. Et voilà c'est fait ! Après 11h23mn et 11 gels avalés, je franchis la ligne. C'est quasi une heure de plus que la CCC 2012 pour 8 km de moins. Le speaker
m'accueille pour une interview classique avec félicitations et Web-tv, en me flattant et me disant que je semble le plus
frais de tous... Une bénévole me
propose un coca. Je lui réponds : « non merci ! le
coca ça suffit ! ». Par contre en voyant la tireuse à
bière, je lui en demande une. J'enfile ma veste car je frissonne, et
je déguste ma bière. Je file retrouver la famille et Pascal qui
vient d'arriver il y a tout juste 10mn. Voilà deux bi-scott dans le top 10 pour commencer le weekend et le meilleur doit encore arriver avec nos jeunes pur sang... Pascal a vraiment souffert en ne pouvant
s'alimenter correctement durant toute la course. Je pense avoir bien
gérée la mienne, sans cardio, sans GPS, à la sensation. Je suis aussi maintenant un plus rassuré sur mon état
de forme .Maintenant il va falloir bien récupérer avant l'Ultra
Tour du Beaufortin le 20 juillet où m'attendent 103km/+6200m.
Résultats
du 80km : 1 F
D'haene et M Lanne 3 X Thevenard 4 S Cuchaud 5 B Fleury 6 P Giguet 7
S Jeu 8 C Gabioud 9 G Curmer 10 S Sherpa 11 B Thiery.... 20 T Mansiat
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